1. Transmettre

Transmettre une culture architecturale

L’architecture est un art, le premier art. A ce titre, elle génère de fortes individualités, connues du grand public. Mais qu’en est-il de la cohorte laborieuse qui œuvre au quotidien pour bâtir le simple toit qui abrite, l’école qui éduque, l’hôpital qui soigne ? Tous contribuent à l’enrichissement culturel. Pour autant, la plupart des maîtres d’ouvrage, publics et privés, n’ont pas idée de ce que nous sommes, de la manière dont nous donnons vie à leurs désirs. Ils nous connaissent peu.

Or, l’architecture est un droit pour tous, qu’il s’agisse de la sphère publique ou privée, car elle s’invite à chaque coin de rue. Il y a peu de culture et pas assez de savoir autour de ce droit fondamental.

Nous devons contribuer à diffuser un socle culturel architectural riche auprès du public afin d’encourager la responsabilité collective envers l’environnement bâti et pour que notre intervention soit intelligible par tous. Nous devons faire connaître ce corps de métier qui est le nôtre, sans cesse affirmer notre juste place auprès du public. 

Nous souhaitons que les architectes puissent continuer à travailler, inventer, échanger, fabriquer la ville et essayer des possibles avec les citoyens et leurs représentants. 

 

Pour cela, au sein du Conseil de l’Ordre, nous proposerons :

  • D’encourager et de nous appuyer sur les nombreuses associations qui travaillent sur cette thématique de la transmission.

  • D’introduire l’enseignement de l’architecture à l’école, dès le plus jeune âge, en proposant aux élus des communes de la région l’intervention d’architectes au sein des établissement scolaires.

  • D’inscrire durablement dans notre territoire un évènement qui propose un parcours au cours duquel le citoyen arpente la ville, le bourg, le village à la rencontre des architectes qui témoignent, dessinent, expliquent.

  • D’encourager nos confrères et consœurs à assumer notre responsabilité sociale par la signature systématique des bâtiments.

2. Défendre

Défendre une rémunération juste

 Nous constatons le montant souvent dérisoire de l’Esquisse, souvent estimée entre 5 et 8% du montant global de la rémunération d’une prestation de maitrise d’œuvre. Nous remarquons aussi que la production de faisabilités gratuites se banalise dans l’esprit de certains maîtres d’ouvrages.

Pourtant, nos esquisses et nos faisabilités sont précisément le concentré de notre savoir-faire, de nos acquis, de notre capacité à produire un projet singulier et adapté, avec une synthèse des contraintes et besoins. C’est précisément une esquisse qui permet de remporter un concours, une faisabilité qui permet d’orienter des décisions. Alors pourquoi sont-elles si faiblement valorisées et pourquoi doit-on justifier, auprès des maitres d’ouvrage, que notre savoir a une vraie valeur ? 

Contrairement à l’ESQ, une phase PRO mérite à elle seule entre 18 et 20% permettant une rémunération confortable aux bureaux d’études qui nous accompagnent et qui tirent souvent mieux leur épingle du jeu…

Et si seulement les maîtres d’ouvrages connaissaient notre processus de conception, celui qui ressemble à une naissance. La lecture du programme, la visite du site, les échanges avec les utilisateurs, toutes ces contraintes qui dessinent les limites de notre action et nos envies naissantes, nos premiers croquis, parfois hésitants, mais pas pour longtemps… Les dessins qui se précisent et prennent forme : l’apparition d’une coupe, d’un bout de façade, à côté du plan qui se construit. 

Voilà ce qu’est l’architecture, c’est raconter une histoire et pas n’importe laquelle, celle qui prend racine dans nos connaissances, dans nos acquis, celle que l’on va raconter à nos clients pour faire ce bout de chemin ensemble afin de les laisser avec un ouvrage abouti. Valoriser notre création est un vrai enjeu.


Voilà pourquoi, au sein du Conseil de l’Ordre, nous nous attacherons à :

  • Aider les maîtres d’ouvrages à rééquilibrer la valeur des missions de maîtrise d’œuvre.

  • Proposer aux maîtres d’ouvrages de rééquilibrer les durées affectées aux différentes phases en adéquation avec le processus de conception.

  • Encourager les maîtres d’ouvrages à mettre fin à la pratique des faisabilités gratuites.

  • Informer les maîtres d’ouvrages sur l’impact réel sur nos structures de l’intégration nécessaire et incontestable de nouvelles missions (BIM par exemple).

  • Enfin, car nos efforts ne « paieront » pas tout de suite, ouvrir un débat autour du soutien aux confrères et consœurs en difficulté, en proposant la création d’un fond de solidarité ordinale.

3. Garantir

Garantir le respect de notre profession

L’équilibre et la qualité des relations entre architecte et maître d’ouvrage sont garants du bon déroulement des projets. Or, de plus en plus fréquemment, cet équilibre est remis en question, mettant en péril la qualité de nos interventions.

Ce phénomène touche tous nos domaines d’exercice, les marchés publics tout autant que la promotion privée ou encore le secteur de l’habitat individuel.

Garantir le respect de notre profession, c’est aussi lutter contre les dérapages linguistiques qui conduisent à l’émergence d’architectes-réseaux, d’architectes-visagistes…

C’est également veiller à nos propres engagements et valeurs communes, nos actions individuelles s’inscrivant dans la responsabilité collective de notre profession.

Voilà pourquoi, au sein du Conseil de l’Ordre, nous veillerons à :

  • Créer une délégation chargée de négocier et rédiger des contrats justes et équitables au nom et pour le compte des architectes dans le cadre de la production des logements privés.

  • Rédiger une charte sur les missions et rémunérations des architectes à l’attention des Maîtres d’ouvrage privés.

  • Combattre inlassablement les Partenariats Public/Privé et autres Marchés Globaux de Performance par des actions en justice comme nous l’avons fait par le passé.

  • Lutter concrètement contre l’usurpation (volontaire ou non) du titre d’architecte en interpellant les pouvoirs publics.

  • Travailler à une action conjointe avec les architectes-conseils, auprès des municipalités, pour réaffirmer le rôle central de l’architecte dans la réalisation d’un projet.

  • Communiquer régulièrement, en toute transparence, sur l’attribution des marchés publics (sélection des jurés, affichage des projets, …) car être respecté implique d’être respectable.

4. Former

Former pour être plus solide

Lorsqu’ils sont interrogés sur le contenu de l’enseignement des écoles d’Architecture, les représentants de ces structures nous indiquent que la formation dispensée est volontairement généraliste et ouverte sur des perspectives professionnelles multiples.

Certes, mais il est tout-de-même indispensable que les futurs et jeunes architectes soient solides et ancrés dans la réalité de notre profession. Le rôle des écoles d’architecture ne devrait-il pas être de mieux préparer les étudiants à un exercice réel ?

La formation HMONP est quand-à-elle source d’inquiétude et objet de renoncement pour nombre de jeunes diplômés. L’approche spécifique de chaque école, le manque de disponibilité des tuteurs ou encore la pratique du métier toujours plus complexe, sont autant de frein à la bonne mise en œuvre de ce complément indispensable.

La formation continue pour les architectes chevronnés est tout aussi problématique. L’offre pléthorique nous désarçonne, la complexité de la prise en charge financière nous rebute, le contenu des formations nous laisse parfois perplexe et le temps nous manque.

Voilà pourquoi, au sein du Conseil de l’Ordre, nous nous engagerons à :

  • Renforcer les liens de la profession avec l’Ecole d’Architecture de Marseille, notamment pour ce qui concerne l’organisation de l’HMONP.

  • • Œuvrer pour une uniformisation des objectifs de la mise en situation professionnelle au niveau national.

  • Adapter le guide pour l’accompagnement des stagiaires HMONP à l’évolution de la durée des opérations.

  • Ouvrir un débat sur l’impossibilité pour les titulaires du diplôme d’architecte de porter le titre d’architecte en l’absence d’inscription à l’Ordre, interdiction spécifique à notre profession.

  • Organiser des séminaires intergénérationnels sur des thèmes liés à la pratique du métier afin d’aider les plus jeunes à se projeter dans la profession.

  • Réaliser un audit sur les contenus et la mise en œuvre de la formation continue afin d’adapter l’offre à la réalité de notre vie professionnelle.

  • Mettre en cohérence « l’obligation de formation » avec l’objectif recherché : tenir avec acuité, professionnalisme et dignité sa position d’architecte dans notre société.

5. Résister

Résister aux rapports de force du greenwashing

Le « green » est partout, il fait vendre et donne bonne conscience, l’espoir d’avoir fait le « job » pour les moins cyniques… Pourtant l’architecte, acteur majeur de la société dans la construction du cadre de vie se doit d’accompagner, d’expliquer, transmettre par une conception architecturale raisonnée, des valeurs et des pistes qui contribuent au respect de l’environnement.

Le barbouillage « vert » ne suffit pas. Ne suffit plus. Prouvons notre utilité dans la construction de l’espace public par un discours simple, intelligent, raisonné sur l’architecture. Notre travail doit s’attacher à démontrer le bienfondé du choix d’une écriture, d’un matériau, par rapport à un lieu.

Concevons au-delà des concepts, des matériaux et process manufacturés, aidons à faire évoluer les labels divers au-delà des chiffres et des performances qui pourraient devenir des prérequis et préoccupons-nous de défendre, par une attitude intellectuellement honnête et une éthique professionnelle, ce que l’architecture peut apporter à l’environnement et au développement durable sous toutes ses formes.

Voilà pourquoi, au sein du Conseil de l’Ordre, nous nous engagerons à :

  • Resserrer les liens avec les différentes associations régionales œuvrant pour un développement durable intelligent.

  • Soutenir les actions d’habitat participatif.

  • Proposer des ateliers de réflexion sur la rénovation énergétique des bâtiments s’intégrant dans la rénovation globale.

  • Aider les architectes, par le biais de partenariats avec les éditeurs de logiciels, à s’emparer de la RE2020 avec justesse, annoncée pour l’été 2021.

  • Rappeler sans relâche aux Maîtres d’ouvrage le rôle central de l’architecte dans le processus de conception, quel que soit le nombre de compétences green exigées dans les programmes.