L’intérêt de l’Architecture n’a pas de surface

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La loi sur l’architecture de 1977 aurait dû rendre le recours à l’architecte obligatoire dès le premier mètre carré. Cette loi détermine que : « la création architecturale, la qualité des constructions, leur insertion harmonieuse dans le milieu environnant, le respect des paysages naturels et urbains ainsi que le patrimoine est d’intérêt public ».

Cependant, plusieurs décrets limitent toujours le recours obligatoire à l’architecte aux constructions d’une surface supérieure à 170 m² de SHON réajustée en 2017 à 150 m² de surface de plancher et une surface supérieure à 800 m² pour les bâtiments agricoles. Un chiffre avancé dès 2004 dans le Livre Blanc des architectes rédigé et édité par l’Ordre des architectes, l’UNSFA et le Syndicat de l’architecture fait froid dans le dos : « avant comme après 1977, 68 % des constructions sont réalisées sans architecte » !

Cela ne revient-il pas à considérer que l’architecture n’est plus d’intérêt public ou encore que les constructions n’ont plus d’impact sur le paysage, en dessous d’un certain seuil arbitraire ?

Notre profession a trop longtemps laissé le champ libre à d’autres acteurs. Il est temps d’exercer pleinement notre rôle. Ce marché pourrait permettre à de nombreux architectes et notamment aux plus jeunes d’accéder à la commande en améliorant considérablement la qualité des constructions. Il est également de notre responsabilité d’éclairer les citoyens sur les limites de certains rêves collectifs comme celui de la maison individuelle avec piscine pour tous et ainsi de proposer une vision plus large du mode d’habiter.

De plus, nous avons pour mission lorsque celle-ci est complète (et il ne devrait pas en être autrement) de concevoir les espaces mais également de garantir leur bonne réalisation. L’idée générale que l’architecte est un luxe, ou pire une contrainte, doit être combattue !

Nous devons affirmer auprès du grand public et imposer auprès des décideurs, le fait que l’architecte est l’acteur le mieux placé pour assurer le suivi des travaux. Il possède toutes les qualités pour encadrer les artisans, gérer l’accompagnement administratif et financier tout en veillant à la conformité de réalisation de l’ouvrage.

Nous devons également rappeler que la rémunération de l’architecte reste minime rapportée au coût d’un projet immobilier et certainement moindre que la marge de certains constructeurs. A cela s’ajoute le fait que nous permettons de réduire considérablement les malfaçons, le nombre de sinistres tout en apportant généralement une plus-value non négligeable au bien.

Soulignons aussi que le recours à l’architecte est obligatoire dans plusieurs pays européens dès le premier mètre carré construit.

Enfin, pour s’inscrire dans l’actualité, les confinements récents ont révélés à chacun l’importance d’un espace domestique confortable et pensé. Un logement « conçu » participe pour une grande part au bien-être de ses occupants. Le rôle de l’architecte est précisément d’offrir le meilleur espace possible dans chaque mètre carré.

Nous ne pouvons plus nous contenter d’arrangements. Il est temps de reprendre le dialogue avec les différents décideurs pour rétablir nos droits et donner une légitimité au titre d’Architectes d’Utilité Publique. Notre code de déontologie ne nous y oblige-t-il pas puisque, selon l’article 6 : « tout architecte se doit de prêter son concours aux actions d’intérêt général en faveur de l’architecture » ?

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