La formation initiale suffit-elle à préparer au métier d’architecte ?
Quel rôle l’Ordre peut-il ou doit-il jouer dans la professionnalisation des diplômes ?
Lorsqu’ils sont interrogés sur le contenu de l’enseignement des écoles d’Architecture, les représentants et autres défenseurs de ces enseignements nous indiquent que la formation transmise est volontairement généraliste et ouverte sur des perspectives professionnelles multiples.
Certes, mais tout de même…
Les études d’Architecture classiques sont aujourd’hui sanctionnées par trois diplômes : le Diplôme d’Etudes En Architecture (DEEA), le Diplôme d’Etat d’Architecte (DEA) et enfin la fameuse Habilitation à la Maitrise d’Œuvre en son Nom Propre (HMONP).
Nous constatons en tant qu’architectes praticiens que la scission des études d’Architecture n’a pas apporté le renouveau qui aurait pu être espéré. En effet, nous sommes nombreux à accueillir des collaborateurs récemment diplômés et à être régulièrement surpris de leur déconnexion face à la pratique du métier. Le rôle des écoles d’architecture ne devrait-il pas être de mieux préparer les étudiants à un exercice réel ?
La formation HMONP a entre-autres, pour objectifs de familiariser les étudiants avec la pratique du métier notamment les réglementations et normes constructives. Force est de constater que ces enseignements ne sont que trop souvent insuffisamment acquis. La structure d’accueil se doit donc de fait de compenser les lacunes, le secteur privé assurant la continuité de la formation professionnelle orientée sur l’exercice du métier. L’étudiant est rémunéré et non l’architecte qui doit procurer la continuité de la formation ! Un équilibre fragile s’observe alors avec d’une part, une attente d’enseignement « gratuit » et d’autre part, une attente de « rentabilité » notamment pour les plus petites structures…
La formation HMONP ne devrait-elle pas être simplement limitée à une mise en pratique de connaissances déjà acquises et à une confrontation avec un milieu professionnel aux nombreuses contraintes ? Une agence n’est pas un lieu calme et propice à l’apprentissage. L’ambiance peut être stressante par des appels, des contraintes de délais, des rapports de forces éventuels…
Est-il vraiment efficace de « parachuter » des étudiants sans armure dans un milieu qui peut paraitre « hostile » ?
On peut s’interroger sur le contenu de notre formation initiale ! Est-il suffisant ? Le temps consacré aux enseignements « pratiques » ne devrait-il pas être plus important ? Ces enseignements ne devraient-ils pas être au moins en partie acquis lors de la remise du Diplôme d’Etat d’Architecte ?
La mise en pratique de l’HMONP n’étant pas considérée comme une période de stage, il serait souhaitable qu’elle apporte autant à l’agence qu’à l’étudiant. Or, certaines agences renoncent à accueillir les jeunes architectes fraichement diplômés et préfèrent travailler en sous-effectif : la formation à procurer est trop importante, trop longue, il y a trop de carences chez la majorité des étudiants sortants.
N’est-il pas urgent de renforcer les passerelles entre la profession (représentée par l’Ordre) et les écoles d’Architecture pour trouver des solutions adaptées ?